jeudi 5 juin 2008

pour rapprocher Verlaine et Rimbaud

Attention, souvenez-vous qu'à l'époque du recueil étudié en classe, Verlaine ne fréquentait pas Rimbaud. Ce qui suit est donc valable pour les poèmes postérieurs comme dans celui-ci (bonne lecture !)



Dans l'herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.
Quoi donc se sent ?
L'avoine siffle.
Un buisson gifle
L'œil au passant.
Plutôt des bouges
Que des maisons.
Quels horizons
De forges rouges !
On sent donc quoi ?
Des gares tonnent,
Les yeux s'étonnent,
Où Charleroi ?
Parfums sinistres !
Qu'est-ce que c'est ?
Quoi bruissait
Comme des sistres ?
Sites brutaux !
Oh ! votre haleine,
Sueur humaine,
Cris des métaux !
Dans l'herbe noire
Les Kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire.




Dans cette fugue en Belgique, la présence de Rimbaud est évidente jusque dans le style et la syntaxe. Les sonorités sombres et inquiétantes en o et en a avec leur variante en an, on, oua rappellent le a noir des voyelles de Rimbaud. La syntaxe est ramassée abrupte, souvent proche du style oral. La 3ème strophe a une syntaxe nominale qui, dans son raccourci, reste au plus près de l'impression reçue. Les interrogations sont formulées de façon familière ou elliptique " On sent donc quoi ? " Où Charleroi ? ". Le rythme saccadé est accentué par la ponctuation violente, cinq points d'interrogation et quatre points d'exclamation. Chaque strophe se lit à deux niveaux, un niveau purement visuel et un autre intérieur qui en fait la traduction personnelle du poète. L'emprise de Rimbaud se traduit par des hardiesses de langage, proches de l'incorrection " Quoi bruissait ". L'expression contractée débouche sur un renouvellement des modes descriptifs dans lequel il ne s'agit plus de peindre la chose mais l'effet qu'elle produit. Le fuite de Verlaine vers Charleroi est aussi celle d'une fuite en avant dans l'espace et la poésie. L'influence de Baudelaire est également perceptible, à la différence que Verlaine ne confère pas aux sensations une valeur métaphysique. Ses correspondances sont horizontales, objets et paysages sont en mystérieuse correspondance avec nos sentiments. La personnification du paysage " le vent profond pleure ", le " buisson gifle " , " les métaux crient" nous suggèrent les plaintes des mineurs ou les angoisses de la nuit. Devant cette déformation de la nuit, le poète voyageur nous communique son angoisse devant le monde industrielle moderne dans lequel tout parait s'animer d'une vie inquiétante, les maisons apparaissent " plutôt des bouges"


En nous plongeant dans les ténèbres dès le premier vers "Dans l'herbe noire", Charleroi pourrait se définir comme un poème du sursaut et de l'imprévisible, de la peur du noir traduisant la brutalité d'un monde deviné. Mais dans ce voyage nocturne c'est Rimbaud que suit Verlaine en aveugle lorsqu'il dénoue les liens de la syntaxe, substitue l'exclamation à la proposition structurée, laisse passer en désordre dans le champ de sa conscience impressions et sensations.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Madame, pour les poèmes de Verlaine, sur quoi l'amorce générale de l'introduction peut-elle porter? Le Second Empire est une bonne idée?
Merci beaucoup.
Sergi

Clémentine Bernard et Emilie Balavoine - Toulouse a dit…

Bonjour Sergi, il peut être intéressant de mentionner que l'époque est troublée que ce soit du point de vue politique, économique ou social ce qui amène les poètes à modifier leur relation à la société.

si cela ne suffit pas, n'hésite pas à me le dire.

bonnes révisions !

Anonyme a dit…

Merci.

Anonyme a dit…

Bonjour à nouveau Madame. Pour La Controverse de Valladolid j'ai un petit doute. Est-ce que tout d'abord est apparue le téléfilm, ensuite la pièce de théâtre et pour finir le roman?
Merci d'avance.
Sergi

Anonyme a dit…

Pourriez-vous aussi me dire pourquoi au premier extrait de La Controverse porter l'ouverture sur Martin Luther King?
Merci

Clémentine Bernard et Emilie Balavoine - Toulouse a dit…

Bonjour Sergi, voici des précisions qui viennent d'internet mais je regarderai tout cela lundi dans les cours qui sont restés au Lycée.

http://www.tv5.org/TV5Site/upload_image/app_fp/fiche_complete/li63.pdf

bonne lecture !

Clémentine Bernard et Emilie Balavoine - Toulouse a dit…

concrnant le message sur Martin Luter King, en intro ou plutôt en conclusion pour souligner que la conséquence de l'esclavage a duré longtemps puisqu'au XX siècle, le statut du peuple noir américain était très difficile : l'esclavage a duré très longtemps et même s'il a fini par être légalement aboli, dans les faits, l'égalité n'était pas réelle.

à bientôt

Anonyme a dit…

Merci.